dimanche 21 novembre 2010

Chronique de dissection : la souris

Ce sont parmi les expériences les plus marquantes de l’enseignement ; souvent critiquées ou évoquées comme un traumatisme, les dissections n’en sont pas moins un remarquable exercice d’observation aux nombreuses vertus pédagogiques. Dans ces articles intitulés « chroniques de dissection » je reviendrai sur quelques TP de biologie animale de l’UPPA.

Système digestif de la souris blanche.


Un modèle biologique incontournable
« C’est sans aucun doute le mammifère qui a le plus contribué aux progrès de la science », voilà ce que l’on dit de la souris blanche, Mus musculus, dans nos manuels. Bien sur de mon point de vue, le mammifère qui a le plus contribué à la science c’est l’Homme (on fera abstraction de mickey, minus et cortex et autre souris surdoués)…  Mais tout de même, comment expliquer l’incroyable contribution de ce rongeur qui avant l’avènement de la science était considéré comme un fléau des greniers à grain…


En réalité, ce succès s’explique parce que la souris rempli tous les critères d’un modèle biologique :
Tout d’abord l’élevage des souris est économique, avec un faible volume occupé, et une consommation de 5g de nourriture par jour seulement. De plus la reproduction est aisée et rapide avec 5 à 15 portées par an, chacune donnant naissance à une dizaine de souriceaux, soit une cinquantaine de souriceaux par femelle par an ! Cette capacité à se reproduire rapidement associé à une durée de vie courte correspond à une stratégie : c’est en fait une façon de compenser par le nombre une mortalité naturelle (prédation, famine etc.) importante. On oppose cette stratégie à la stratégie K (longue durée de vie, animaux de grande taille, reproduction en faible nombre).
Autre critère ; la souris est un excellent représentant des mammifères (50% des espèces de mammifères sont des rongeurs), et sa proximité avec l’Homme est suffisante pour bien des études (99% de gènes communs). Dernier point, la somme de connaissances accumulées sur l’espèce, permet de lancer pratiquement n’importe quel type d’étude, à titre d’exemple le séquençage du génome de la souris est terminé depuis 2003.)

Chronique de dissection : la grenouille

Ce sont parmi les expériences les plus marquantes de l’enseignement ; souvent critiquées ou évoquées comme un traumatisme, les dissections n’en sont pas moins un remarquable exercice d’observation aux nombreuses vertus pédagogiques. Dans ces articles intitulés « chroniques de dissection » je reviendrai sur quelques TP de biologie animale de l’UPPA. 

La grenouille verte


Gardiennage pré-copulatoire et dimorphisme sexuel.
L’espèce du jour est la grenouille verte, Rana esculenta, c’est la grenouille la plus fréquente en France. On la rencontre souvent à proximité des mares et des berges peu profondes des étangs, qu’elles ne quittent que très rarement contrairement à de nombreux autres amphibiens qui mènent une vie plus terrestre.
Une rapide étude morphologique permet de mettre en évidence un dimorphisme sexuel plus ou moins marqué. Outre la taille (le mâle est souvent plus petit que la femelle), un premier caractère est  la présence de sacs vocaux en arrière de la bouche qui permettent un chant fort et varié apte à faire chavirer la plus belle des grenouilles femelles !
Une fois la belle charmée le mâle va user de son deuxième caractère sexuel secondaire : la callosité rugueuse de l’index (seulement 4 doigts à l’avant, le pouce étant régressé) lui permettant de s’agripper au dos glissant de sa partenaire annuelle. Il va ainsi rester accroché sur le dos de la femelle (amplexus photo de droite) jusqu’à ce que celle-ci ponde un chapelet d’ovocytes dans l’eau généralement emmêlé autour des végétaux  des berges. La fécondation est donc externe, et c’est pour s’assurer d’être le seul à féconder les ovocytes que le mâle s’agrippe à la femelle.  C’est un exemple de gardiennage pré-copulatoire (mate-guarding), une étape clé de la reproduction qui correspond à une forme de une sélection sexuelle. En effet les mâles se retrouvent en compétition pour l’accès aux femelles les plus fécondes et les plus proches de la ponte. Inversement pour les femelles un gardiennage pré-copulatoire long est un gage de qualité du mâle et donc une forme de sélection (en plus du chant).


[Les sacs vocaux (à gauche) et la callosité sur le doigt N°2 (à droite) chez le mâle. La callosité ne s’observe qu’en période de reproduction, la coloration peut-également varier énormément.